Confusion des langues entre l’adulte et l’enfant : Une introspection nécessaire et un appel à la protection de l’enfance

Un ouvrage emblématique de la psychanalyse

Mon exploration récente des classiques de la psychanalyse m’a conduit à l’œuvre “Confusion des langues entre l’adulte et l’enfant” du renommé Sándor Ferenczi, publiée en 2016 par la Petite Biblio Payot classique. L’ouvrage est introduit par une préface de Gisèle Harrus-Révidi, et est complété par le “Rêve du nourrisson savant” ainsi que des extraits du “Journal Clinique”.

Ferenczi, né en 1873 et décédé en 1933, était un psychanalyste et neurologue hongrois, qui fut également disciple, collègue et proche de Freud. Son œuvre se distingue par une focalisation particulière sur le monde de l’enfance. Le texte principal de ce livre a été présenté lors du 12ème congrès international de Psychanalyse à Wiesbaden, en Allemagne.

Phénomènes névrotiques chez l’enfant : Identification à l’agresseur et précocité psychologique

Au cours de ce congrès, Ferenczi a souligné deux phénomènes névrotiques majeurs chez l’enfant : l’identification à l’agresseur et la précocité psychologique face à la folie adulte. Il a commencé sa présentation en se questionnant sur l’apparition des symptômes de ses patients suite à des séances qui semblaient pourtant positives et bénéfiques. Ses interrogations l’ont conduit à examiner de près sa pratique, sa propre attitude vis-à-vis de ses patients, ainsi que ses réactions de contre-transfert.

Introspection et remise en question de la pratique analytique

Ferenczi a mis en lumière l’hypocrisie professionnelle, affirmant que les analystes ne travaillent pas suffisamment sur leur propre névrose, leurs blocages, leurs mécanismes de défense et leur contre-transfert. Il a également questionné sa propre responsabilité dans la réplication des traumatismes de ses patients lors des séances, hypothèse qui pourrait expliquer pourquoi ces derniers continuent de souffrir entre les séances.

Il a souligné l’importance vitale de la confiance du patient, mettant en avant le rôle essentiel de l’alliance thérapeutique. Cette introspection personnelle l’a poussé à remettre en question son travail et à encourager ses collègues à faire de même pour rectifier leurs “erreurs” et améliorer leurs expertises.

Les conséquences des abus sexuels sur l’enfant

Ensuite, Ferenczi a abordé le sujet brûlant des abus sexuels subis par les enfants, soulignant leur fréquence sous-estimée et les conséquences dévastatrices qui en résultent. Il a insisté sur le phénomène de l’identification à l’agresseur chez les enfants victimes, ainsi que sur la culpabilité qui découle de ce processus.

Ferenczi a également mis en garde les parents contre les conséquences négatives de leur comportement envers leurs enfants. Par exemple, une mère qui se plaint excessivement à son enfant risque de le transformer en aidant, entravant son développement naturel d’enfant – un concept proche de la parentification.

Ferenczi, un défenseur de l’enfance et un praticien introspectif

En conclusion, Ferenczi a fait une distinction entre l’érotisme chez l’enfant, qu’il décrit comme tendre, et celui de l’adulte, caractérisé comme passionné.

En revisitant cet écrit, on peut voir que Ferenczi reste fidèle à ses principes, en privilégiant la protection des enfants contre les injustices qu’ils peuvent subir, en dénonçant les différents abus et en alertant sur l’inceste. Son courage, sa rigueur, son exigence et son honnêteté sont manifestes lorsqu’il n’hésite pas à se remettre en question publiquement avec humilité afin d’améliorer sa pratique et l’analyse en général.

Ce texte demeure une source d’inspiration profonde et, malheureusement, reste d’une pertinence douloureuse de nos jours.